(5) Textes


solo d’coltrane kalachnikov – soleil suprême blues soft

alcool d’indien dans la corne de brume

trop d’chefs – donc trop d’brume

j’ai l’stylo crêté dans un cocon d’amour

vie – volume baryton avec une voix d’oiseau

on vit tenu par des rapaces armés

petit poème de bouche rend sourd l’étau dressé

/////////////////////////////

chaleur et poil et soif

tracteur déplace montagne

le salaire de la fleur

finit dans le skimmer

les cigales se déchainent

sur musique sopalin

faut pas visser ses yeux

quand on n’y voit plus rien

le tabac se dissout

incendie le tissu

la couturière est morte

ou bien elle fait la sieste

tonton boit son canon

tati la joue carpette

éclair à l’horizon

featuring vaguelette

si je claque le loto

c’est tournée de clairette

/////////////////////////////

les enfants des prisons

ont connu dix-sept vies

ont marché sur des terres

étrangères à leurs langues

ont volé des oranges

distribué la poudre

dormi dans des camions

et croisé les matraques

les enfants des prisons

escaladent les grillages

récupèrent les pochons

et les points de sutures

quatre jours au mitard

pour faire rentrer le plomb

mais le plomb ils connaissent

depuis leur premier short

ils repensent à leurs courses

et aux pluies de rafales

sous lesquelles ils sprintaient

quand les bandes étaient chaudes

des mineurs déjà pères

des bébés au parloir

et le savon qui rentre

entre deux p’tits nibards

les enfants des prisons

jouent bendir et congas

et font danser leurs torses

dans les cellules blanches

ils finiront boucher

mécano ou taulard

à chacun son destin

tordu par son histoire

/////////////////////////////

on était

des géants       

avec la

face au sol

harponnés

au bitume

un genou

sur la nuque

et la vie

elle éclate

et la vie

c’est fini

on était

pas plus sales

que ces tu

eurs en vie

ni oubli

ni pardon

/////////////////////////////

petit peuple
trahi
qui ne vit que
d’espoir

lâche le
pantalon
du banquier parieur

et non et non et non
de la soupe
il y en a
personne ne mourra

il lèchera ma fourche
répétait la grand-mère
c’est pas un assassin
qui m’assassinera
s’il approche le fou
nous glisserons deux bourses
dans le repas du soir
des chiens de nos rues
pauvres

déserteur
j’entends bien
tant que ça va
ça va
le capital est lent
à ronger nos chaussettes

à nous laisser
pieds nus
animal mammifère